par Sylvain le Momo
Avril 2013 - Sur les bérus "Lobotomie"
Mercredi 26 octobre 2011 UFR Salle Ergonomie, 9h20 (Philippe a été transféré des Urgences le lundi à l’UFR de Casselardit à Toulouse.
Il comptait y retrouver Zaouia. Djamila avait été transférée à Blagnac où il comptait aller la chercher dès sa sortie de l’UFR une fois qu’elle aurait fait sa cure des trois semaines.
Manque de bol, Zou n’était pas dans les quatre secteurs de Casselardit qu’il avait hantés au radar et sous Dépakote, pendant deux jours, en pyjama à se faire claquer la porte au bec...
Mais où était donc la Miss ?
Il avait mis deux jours, un week-end sans surveillance, à se faire aux lieux et à ses nouveaux colocataires en fumant quelques pétards et en gouleyant du whisky.)
Au cours d’un tournoi de belote, Nadine très philosophe sous les regards approbatifs de Houaria, Jean Mathieu, Marcel, Aimé, Nadine, Laya et Jacqueline avait dit :
- Tout ce qui nous arrive ici aux colocataires, c’est ce que Marie de la gym m’a dit... Marie, tu aimes bien Sylvain, non ?
- Ce qui nous arrive donc, vient de l’enfance ou du moment où nous étions dans le ventre de notre mère, rajouta Laya, qui sur la question avait l’air d’en connaître un rayon...
- Et pourquoi pas des couilles de notre père, dit Houaria jouissif.
- Ne rigole pas ! Ici, à l’hôpital des enfants, ils font en collaboration avec des instituts américains des recherches sur la génétique et l’apparition de certains cancers.
Ce pourrait être pareil pour nous le peuple des Bipolaires, quand tu vois toutes les expériences chimiques sur nous sans résultats comme pour des anciennes comme Danielle... Celle-ci acquiesça...
Donc, depuis ces bonnes paroles, je n’arrêtais pas de déambuler dans les couloirs de l’hôpital des enfants, proche du Centre Psy de Soins de Casselardit, en quête de réponses à des questions que ne m’étais pas posées et à la recherche d’une enfance que je n’avais pas voulue ou pu connaître...
Quoique d’après mes cousins et cousines, j’avais eu une enfance plutôt « Coq en Patte », enfant gâté, petit agité turbulent à qui on passe tout... Elevé par mon arrière-grand-mère , fille de Mère Terre qui sent le vent de l’Est de la tribu des Navajos près d’Albuquerque, Colorado, USA.
Mais ce que je voyais à l’hôpital des enfants, c’était surtout de jeunes mamans maghrébines, soucieuses et tristes qui avaient l’air perdu, affronter la maladie de leur enfant... Mais dures au mal lorsque les enfants sont malades, comme me l’avait dit Djamila et Zou Zou. Moi je les voyais fières et altières avec leurs regards intenses.
Je m’en étais épanché à Wahouri le Magnifique, Houari, Mon fiston (il avait 30 de moins que moi et je l’avais adopté comme fils putatif) :
- Oui tes soeurs, comme vous dites les jeunes mecs beurs, elles me subliment voire me transcendent la libido et malgré les saloperies comme la Depakote que l’on prend ici et qui devrait nous tuer le désir, je suis prêt à monter aux pays des merveilles libidinales avec tes soeurs, d’ailleurs ce matin, je faisais la queue au bureau de tabac pour acheter Libé...
- Au lieu de libidinales tu aurais pu employer lubriques, ça te va mieux, me coupa t-il, montrant que pour un rebeu il avait des lettres... ( d’ailleurs il me foutait toujours 400 points dans le cornet au Scrabble)
- Ne rigole pas Aouari ! Et écoute ce que je vais te dire. Je vais donc au relais de l’hôpital des Enfants pour acheter libé, il y avait du monde comme d’hab., et là comme je le fais souvent dans ce type d’endroit, je dévisage les gens autour de moi et je me retrouve nez à nez avec elle :
- On se connait, dis-je, comme suspendu par des anges.
- Oui, vous travaillez au bureau de poste du Pont des demoiselles. Leila, me dit-elle en me tendant la main, vous s'est Fifi selon vos collègues, il n'y a pas mieux ?
- Oui Philippe, quel hasard ! dis-je...
- Il n’y a pas de hasard, répondit Léila... Il y a simplement des rencontres opportunes guidées par l’envie de se sortir de soi...
J’étais médusé, les yeux scotchés à son regard, puis à ses seins et enfin à ses hanches... Vais-je à nouveau me lancer dans la passion des plus furieuses ?
Oui ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
Ce que l’on fit ardemment dans les toilettes du service d’ontologie...
Léila, qui était juive tunisienne, me donna son numéro de téléphone. Comme Djamila m’avait laissé le sien... Le mien, je ne le connaissais toujours pas, malgré tous les efforts que j’avais fait depuis mon divorce il y a cinq ans. Donc, ni l’une ni l’autre ne pouvait me contacter si ce n’était se pointer à mon boulot. Je lui parlais en bredouillant d’un Chili con carne que je devais faire sous quinzaine avec de nouveaux amis.
- Casselardit ! dit-elle, ne t’étonne pas, j’y ai séjourné moi aussi et ce n‘est pas la mort, tu verras... On en parlera à ton Chili, j’apporterai du Boulaouane...
Boulaouane ! Djamila m’en avait aussi parlé si je ne m'abuse. Je pensais délirer sur une autre réalité et me dédoubler sous l’effet des médocs.
Rentré à l’UFR, je pris mon stylo et mes feuilles et me réfugiai dans la salle d’ergonomie.
Ludo et Antony faisaient un ping-pong en écoutant les Têtes Raides sur un petit lecteur CD Firstline qui m’hypnotisa. Comment un tout petit machin pouvait diffuser une telle qualité sonore. Ils m’interpellèrent pour que je vienne faire un baby-foot avec eux .
- Pas de suite, il faut que je me pause...
- Saloperie de medocs ! Comprit ludo qui s’arrête tous les deux jeux pour téter sa bouteille de thé pour cause de privation d’alcool.
Je m’approchai d’Estelle l’infirmière ergothérapeute pour lui demander la reproduction au pastel d’un couple nu sur un sofa que j'avais commencé la veille.
Je n’en revenais pas de ce que j’avais pu faire d’abord au dessin, puis au crayonnage de bâton de pastel. « C’est très bien ! » m’avait encouragé la jeune infirmière, qui resta bouche bée quand je lui dis que c’était la première fois de ma vie que je dessinais et peignais.
Je lui dis que je n’arrivais pas à dessiner l’homme, alors ni une ni l’autre, je fis une deuxième femme.
A gauche, la première était de face avec de lourds seins que je réussis à faire sensuels comme le dit plus tard Ludo... Ses jambes étaient croisées sur la droite. Son bras gauche enrobait un gros coussin qu’elle serrait contre elle, ce qui donnait du relief à son sein.
L’autre femme était de côté, les fesses et le dos contre la hanche droite de la première, un bout de sein sous le bras... « Pas trop réussi : pas trop bandant comme les autres ! », dit Ludo pour faire rougir Estelle, ce qu’il réussit avant de repartir goulotter sa bouteille de thé.
A partir de là, n’étant tout de même pas un pro de la peinture, je me suis arrangé fissa le tableau en me faisant un truc à « la Warroll de cuisine » avec que des monochromes poisseux : de l’orange bien pétard pour les corps des femmes, le bout des seins rouges, les coussins verts, les yeux bleus reliés par des lignes en éclairs noirs, le fond rose et le bas du sofa et les coiffures aux carrés marron.
Avec une calligraphie imitée de la police Algerian de Words, je surnommais le tableau en gros et rouge écarlate sur toute la page sous le sofa et entre les jambes...
strange girls on the sofa
Je fis circuler mon tableau comme il était de coutume après la fin d’un travail sous les "ho" les "ha", les "hé" et là certains dirent :
- Mais c’est des déesses égyptiennes !
Ludo ne rata pas l’occasion d’en sortir une de son cru. :
- Philippe, qu’est ce que tu as dans les veines en dehors des médocs. Mlle l’infirmière j’aimerais que l'on me fasse une transfusion de son sang, je pense que cela me guérirait...
- Reste dans ta voie comme disent les indiens, Ici que ce soit au ping-pong et au rap personne ne t’arrive à la cheville surtout quand tu les fais ensemble.
Il était 11h15, l’heure du repas arrivait, tout le monde se dispersa.
Pendant que je rangeais mes crayons, les paroles de Nadine me revinrent ainsi que ce qui s’était passé avec Djamila et Leila...
Et ce tableau ou j’avais croqué des corps de femmes d’allures Egyptiennes ?
Ma mère catholique fervente et dépressive (qui aurait certainement étaient qualifiée elle aussi de Bipolaire) était morte fin juin. Après sa mort, j’avais décidé de sortir de ma camisole chimique sous Lithium comme me l’avait suggéré Catherine, la compagne d’Alain mon meilleur ami.Je l’avais fait sans précaution en forçant Pascal mon Toubib Catho (décidément je les choisissais à croire que...). Il avait consulté Le Vidal, le gros bouquin rouge qui n’était pas de Mao ( très mauvais...) et m’avais prescrit de la Dépamide 400 , une cousine de ma Dépakote 750.
Ouverture des vannes par l’arrêt de La Theralite : le Lituim me mit en « mode maniaque », le traitement était mal adapté et ne put freiner. Je partis à moitié à poil sur le parking de ma résidence, j’appelai ma sœur et mon beau frère, le 115... Des connards de Brancardie me firent faire le tour de la rocade pendant une heure et enfin je fus déposé aux urgences Psy de Purpan. (Cf part 1)
Les infirmiers me dirent plus tard que dans leur jargon, j’avais fait une montée en flamme. Moi ça m’avait fait plutôt l’effet d’une bombe humaine : Human Bomb...
Mais après tout cela, d’où me venait tout à coup cette attirance aux jeunes femmes d’origines marocaines, algériennes, tunisiennes, une libyenne, et les juives dans le sens peuple bien sûr...
J’avais été élevé par une arrière-grand-mère catholique mais d’origines et pratiquante de cérémonies indiennes, une grand-mère douce et aimante, un mère catholique et dépressive, un père CGT et Communiste, un grand-Père libertaire, et Franc-Maçon...
Je m’étais fait ma propre éducation, au milieu de mes apprentissages contradictoires, complexes voire schizophrènes, de multipolaire heureux comme David Bowie avec Aladin San et Ziggy Stardus), quand je ne pétais pas les plombs sous les effets ou faits inconscients de collègues, clients, voisins, voire ami(e)s accélérateurs de mes particules...
Etait-ce cet esprit pervers polymorphe, mes racines conscientes et multiples, cette curiosité sous forme de lien (qu’on verra dans d’autres nouvelles) qu’envers mes origines indiennes qui m’attiraient et me donnait de l’empathie par rapport à la place de la femme et l’éducation et les racines des jeunes maghrébines décomplexées ?
Je me disais que sur cette affaire il faudrait que je me pose sérieusement :
Je pris rendez-vous avec Nadine toutes les semaines dans un café de Toulouse pour corriger mes nouvelles. Je pris rendez-vous avec Christine pour aller voir un soir régulièrement un concert de rock. Je me remis à faire tous les matins du footing en commençant par 120 battements par minutes. Je fis avec Evelyne ma chef bien aimée un dossier pour changer de grade et augmenter dans la hiérarchie postale ainsi que de pulser en tant soit peu mon salaire. J’allais tous les dimanches à la nouvelle piscine des Argoulets avec Alain pour faire les cachalots de service... Sans compter d’autre ancrages forts pour m’empêcher de dériver...
Un soir où j’avais fumé un bédo (l’alcool m’étant interdite):
- Fais gaffe ! m’avait dit mon neveu qui m'avait refilé l’herbe, c’est du fort...
Puis j’envoyais en sms à « l’ancienne » , le même message à Djamila et Leila : « Chère..............., je te kiffe grave, je veux vivre un truc fort avec toi. Amour. ». Sauf que l’herbe obérant mes facultés tactiles, j’intervertis leurs numéros de Téléphone.
Malheureusement encore deux occasse de perdues.
Il allait falloir que je songe à changer de bureau de Poste car je leur avait dit où je bossais et je ne voulais pas qu’elles y débarquent toutes les deux.
Vu que je continuais à lutiner les jeunes filles, mon copain Frantz me donna ce conseil :
- Si tu lèves une petite et qu’elle passe la nuit chez toi, en général elle revient le lendemain avec ses affaires de toilettes et ses slips de rechange. Là, elle met sa brosse à dent rouge dans ton verre à brosse à dents où il n’y a que la tienne (qui est bleue...). Pendant qu’elle repart au boulot, tu fonces à la pharmacie où tu en achètes une jaune. Tu la mets dans le verre. Le soir en rentrant elle fait sa toilette avant de se couche, aperçoit l’autre brosse, comprends qu’elle n’est pas seule à venir et en tire de suite les conséquences. Et Basta Cosy !
FIN