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AZF 2021, la "réconciliation des mémoires", c'est de la merde

Il y aura 20 ans ce mardi 21 septembre, la poubelle industrielle d’AZF tapissait de verre sanglant la quotidien des toulousains. Pour l’occasion France TV a mis en ligne une mini série documentaire de 4 épisodes.

J’ai hésité. Pourquoi me replonger dans cette bouse ammoniaquée ? Et j’ai tout regardé, frénétiquement, la boule au ventre. J’en ai vomi les deux verres de rouge et la tartine de pâté avalée juste avant...

Faut dire que ce documentaire pratique un écœurant « renvoi dos à dos » au nom d’une nécessaire « réconciliation des mémoires » jusque dans sa mise en scène léchée : une jeune fille recherche les traces de son père mort dans l’explosion de l’usine. Dans un entrepôt censé reproduire le célèbre hangar 221 qui a pété ce 21 septembre 2001, elle s’interroge... Elle est entourée de deux écrans géants où sont interviewés deux présidents d’associations. À gauche « Les sinistrés du 21 septembre », à droite « Mémoire et solidarité ». Les premiers ont lutté pour demander des comptes à l’industriel et la fermeture de ces usines de mort, les seconds n’ont eu de cesse de vouloir redémarrer l’usine et exonérer leur patron d’une quelconque responsabilité.

Le Coquelicot éditait à l’époque la revue libertaire toulousaine du même nom. Du numéro 33 au numéro 47 y sont chroniquées les tribulations politicardes et judiciaires qui suivirent l’explosion. On peut les lire en ligne sur le site de nos amis du CRAS 31 accessible par ici  : https://editionsducoquelicot.jimdofree.com/nos-archives-la-revue/

 

Ci-dessous l’article sur le hangar 221 et son annexe (la lettre de la DRIRE à AZF) que j’avais écrit dans le numéro 46. Services de l’État et patronat de la chimie s’y renvoyaient la balle dans un grand numéro de clown blanc… Cette danse funèbre aura son apogée dans « l’autre procès de l’affaire AZF » largement passé inaperçu : celui qui vit Delphine Batho, alors ministre de l’environnement, saisir en mars 2013 le conseil d’État pour casser le jugement en appel de la cour administrative de Bordeaux qui rendait l’État responsable de négligence par défaut de surveillance. Jugement cassé en décembre 2014 : les plaignants se virent finalement déboutés… et l’État sortit « blanchi » de l’énorme nuage ocre ammoniaqué qui s’éleva et s’abattit sur nos gueules… Joli final, hein ?

La « réconciliation des mémoires », c’est de la merde. Je vais m’boire un truc plus fort...

« AZF coupable, État complice ! », pouvait-on lire sur les murs de Toulouse fin septembre 2001.

 

Sévy