2. LA FIN DE BARCELONE LIBERTAIRE

 

Les événements de mai 1937 à Barcelone furent une mini-guerre civile à l'intérieur du camp républicain. Les belligérants : communistes nationalistes catalans contre anarcho-syndicalistes et « poumistes » (membres du Parti Ouvrier d'Unification Marxiste). Cinq cents morts et plus de mille cinq cents blessés en six jours de combats signifièrent la fin de la prédominance libertaire en Catalogne. Les conséquences de cette nouvelle « semaine tragique » furent déterminantes pour le cours de la guerre.

 

Antécédents

L'équilibre des forces avait varié sensiblement en Catalogne par rapport aux premiers jours du soulèvement. Jusqu'à la création du PSUC, le 23 juillet 1936, les marxistes de Catalogne étaient répartis dans plus d'une demi-douzaine d'organisations. Après plusieurs tentatives d'unification, à cette date fut constitué le Parti Socialiste Unifié de Catalogne, résultat de la fusion de l'Union Socialiste de Catalogne, du Parti Communiste de Catalogne, de la Fédération Catalane du PSOE et du Parti Catala Proletari.

En septembre de l'année précédente avait été crée le Parti Ouvrier d'Unification Marxiste, POUM, de la fusion du Bloc Obrer i Camperol et de la Gauche Communiste. Quelques groupes trotskistes très minoritaires resteront en marge.

Le PSUC décida d'adhérer à la Troisième Internationale, ce qui fut l'un des facteurs qui certainement facilita le développement rapide de son influence. L'internationalisme était une valeur en hausse dans la zone républicaine et l'identification du PSUC et de son leader Juan Comorera avec le Parti Communiste d'Espagne et avec l'URSS était la concrétisation de cet internationalisme. Le nouveau parti, qui dominait pratiquement l'Union Générale des Travailleurs, se disposait donc à prendre d'assaut la forteresse anarchiste et à lui disputer la majorité au sein de la classe ouvrière catalane.

De son coté le POUM, Parti Ouvrier d'Unification Marxiste, petite formation communiste radicale, jouissait d'une certaine influence grâce, surtout, à la très bonne préparation intellectuelle de beaucoup de ses dirigeants. Les stalinistes les désignaient sous l'anathème de « trotskistes » mais ils ne l'étaient certainement pas, même si Andrés Nin, leur leader, échangeait une correspondance avec Leon Trotski.

Ce parti devait payer très cher sa participation aux événements de mai ; participation due essentiellement à son alliance avec les anarchistes.

Dès les premiers moments, la guerre dans le camp républicain avait été triangulaire. Le gouvernement s'efforçait autant de continuer le combat contre Franco que de récupérer les pouvoirs qui lui avaient été enlevés par les syndicats. Quant aux gens de la rue, dans les villes éloignées du front, ils étaient plus au courant de la guerre d'extermination entre communistes et anarchistes que des opérations militaires. En outre, la misère était la principale préoccupation des masses.

Une telle situation, en Catalogne encore largement dominée dans ses fonctions essentielles – économie, commerce, défense, ordre public - par les libertaires, ne pouvait qu'éclater tôt ou tard. Divers événements servirent à alimenter le bouillon de culture.

Dans son rapport de mars 1936 à la Plénière du Comité Central du Parti Communiste, José Diaz définissait les ennemis du peuple en disant : « Les ennemis du peuple sont les fascistes, les trotskistes et les incontrôlables ». Ce fut le déclencheur. Chaque jour qui passait, les représentants les plus orthodoxes des anarchistes étaient considérés publiquement comme des contre révolutionnaires comparables aux fascistes. Les manœuvres politiques commencèrent et sous la pression des communistes, on forma le 14 décembre, un nouveau Conseil de la Generalitat, qui excluait le chef du POUM, Andrés Nin, et nommait à sa place un conseiller de plus du PSUC.

 

Le POUM expulsé de la Generalitat

Le gouvernement était formé ainsi : Présidence et Finances : José Tarradellas, Intérieur : Artemi Ayguadé, Culture : Antonio Maria Sbert, tous trois de Esquerra Republicana. Pour la CNT, les conseillers étaient : Francisco Esgleas à la Défense, Diego Abad de Santillan à l'Economie et Pedro Herrera à la Santé. Le PSUC, qui avait le même nombre de conseillers que la CNT avec Joan Comorera, Miguel Valdés et Rafael Vidiella, respectivement à l'Approvisionnement,Travail et Justice, avait obtenu un poste pour José Calvet .

Alors que les anarchistes conservaient le portefeuille de la Défense, le Conseil de l'Intérieur allait prendre des fonctions jusqu'alors exercées par le Comité Central des Milices, dominé par les anarchistes. Par exemple, les patrouilles de Contrôle furent dissoutes. Les conflits de compétences n'allaient pas tarder à se présenter.

Il y eut aussi des problèmes de type économique dans la gestion des journées de mai 37. La Catalogne n'avait jamais été autosuffisante sur le plan alimentaire et la guerre vint aggraver cette situation. Depuis le début de la guerre, l'indice du coût de la vie avait augmenté des deux tiers. Et en avril, le prix des produits de première nécessité augmenta encore de 13 %. Il y eut des manifestations de femmes pour protester contre la vie chère.

Il est vrai que Barcelone n'était pas parmi les villes qui souffraient le plus des privations dues à une économie de guerre. Elle était assez éloignée du front et forte de cette mystique de la résistance sans limite qui s'était forgée par exemple à Madrid pendant le siège de novembre 1936.

L'aggravation de la situation alimentaire coïncida avec l'arrivée de Joan Comorera, le leader du PSUC au Conseil de l'Approvisionnement. Jusqu'alors il avait été pris en charge par la CNT qui avait organisé l'approvisionnement avec un contrôle rigoureux des denrées et des prix, supprimant ainsi l'économie de marché qu'allait restaurer Comorera. Et même si la désorganisation due au rétablissement du marché libre ne semblait pas très importante, les prix s'envolèrent.

En vérité, malgré le réaménagement du gouvernement catalan en décembre, des éléments du pouvoir étaient encore aux mains de la CNT-FAI. En ce qui concerne l'Ordre Public, les fameuses « patrouilles de contrôle », corps crée sous l'impulsion des anarchistes à partir de 1936, constituaient l'un des points principaux de la polémique. Toutes les tentatives de réorganisation en matière de sécurité mises en marche par la Generalitat, visaient entre autre, à dissoudre ces « patrouilles » auxquelles l'UGT avait déjà refusé de participer depuis longtemps. Cependant les « patrouilles » résistaient à tous les changements et à travers elles la CNT-FAI dominait la ville.

L'efficacité de cette organisation se manifesta aussi dans le contrôle de la frontière française.

Tous ces facteurs faisaient en sorte que la situation du gouvernement créé en décembre était intenable. La crise se déclara et le 16 avril on forma un gouvernement catalan dans lequel la CNT gagnait un portefeuille de plus avec la création du Conseil des Services, attribué à Juan Domenech. Abad de Santillan et Herrera furent remplacés par Andrés Capdevil et Aurelio Fernandez respectivement.

La dynamique des événements s’accélère et les passions menacent de déborder. Le 25 décembre un éminent militant du PSUC, membre du Comité National de l'UGT et secrétaire au Conseil du Travail, V. Roldan Cortada, est assassiné. Puis trois militants anarchistes de Puigcerda, dont le maire, Antonio Martin, le célèbre « boiteux de Malaga ». La mort de Antonio Martin fut le résultat de la tentative de doubler les forces anarchistes qui, depuis le début du soulèvement, contrôlaient la frontière de Puigcerda. L'affrontement s'était produit entre des miliciens anarchistes et les forces de l'Ordre Public, au cours d'une opération ordonnée directement par Artemio Ayguadé et Rodriguez Salas.

Quant à l'armement dont disposaient à l'arrière garde les adversaires déjà prêts à se rendre, il était assez important. Il s'agissait surtout de fusils et de pistolets mitrailleurs confisqués pour les syndicats dans les casernes prises d'assaut lors du soulèvement. Là, les anarchistes avaient l'avantage au début mais les communistes s'employaient à leur tour à accumuler du matériel. Un épisode survenu en mars 1937 nous éclaire de façon significative sur ces actions. Il est raconté par Agustin Souchy, célèbre dirigeant anarchiste de l'AIT, (Association Internationale des Travailleurs), dans un bulletin édité par le bureau de l'information extérieure de la CNT-FAI ce même mois de mai 37.

« Le vendredi 5 mai 1937 -raconte Agustin Souchy- quelques individus se présentèrent dans un arsenal de Barcelone avec un papier signé par Vallejo, directeur de l'usine d'armement, selon lequel on devait leur remettre onze chars. Le responsable de l'arsenal examina l'ordre et celui-ci lui parut en règle. On remit les chars. Peu après, pris d'un doute, le responsable appela le directeur Vallejo pour vérifier l'authenticité du certificat de remise. Il eut la preuve que c'était un faux. Pendant ce temps les faussaires étaient partis avec les chars. En les suivant on sut également qu'ils allaient vers la caserne Vorochilov, caserne du PSUC. José Tarradellas dut intervenir : d'abord les responsables de la caserne nièrent leur complicité. Mais quand on les menaça de perquisitionner, ils avouèrent que les tanks étaient dans la caserne. Pour quelle raison et dans quel but les avait on volés ? L'explication viendra plus tard, pendant la tragique semaine de mai. »

A la fin avril, l'ambiance était si tendue que n'importe quel incident grave pouvait déclencher une catastrophe. Barcelone, tragique paradoxe, fut peut être la seule ville d'Europe où l'on célébra la fête ouvrière internationale du 1er mai. Les centrales syndicales n'étaient arrivées à aucun accord, de plus la Generalitat avait interdit tout type de manifestation ou de meeting. « La Batalla », organe central du POUM, publia un manifeste où on appelait les ouvriers à former le Front Ouvrier Révolutionnaire, pour détruire les institutions bourgeoises et construire un gouvernement « ouvriers et paysans ».

Certaines sources attribuent à Ernö Gerö « Pedro », conseiller du Komintern à l'exécutif du PSUC, l'initiative visant à mettre sur la table la question du contrôle du central téléphonique. C'est alors que Rodriguez Salas, commissaire à l'Ordre Public, donne l'ordre d'occuper le central téléphonique. Cette mesure était soutenue par le conseiller à la Sécurité Artemi Ayguader, avec l'accord du reste du gouvernement catalan. Tous pensaient probablement que les anarchistes se limiteraient à protester verbalement et qu'ils finiraient par accepter le fait accompli. Mais il n'en fut pas ainsi.

 

L'assaut du central téléphonique

Laissons Agustin Souchy, le prestigieux leader international de l'anarchisme, raconter les faits :

« Le 3 mai, Rodriguez Salas s'en prenait de nouveau à la CNT. Conformément au plan prévu et mis en pratique sur ordre du conseiller à la Sécurité Intérieure en accord avec les autres conseillers, un groupe de 200 policiers fit irruption dans le central téléphonique. Cette provocation vint à bout de la patience de tous les travailleurs de Barcelone. Ils passèrent à la contre-attaque.

Le décret sur les collectivisations donnait légalement le contrôle du central téléphonique catalan à un comité syndical CNT-UGT dans lequel les anarcho-syndicalistes étaient nettement majoritaires. Les communistes les accusaient de se comporter comme si le central leur appartenait en contrôlant, censurant et même en interdisant des appels officiels. On assurait qu'une conversation entre le Président de la République Azaña et Luis Companys avait été interrompue par une voix identifiée qui leur disait « vous avez assez parlé ».

Comme toutes les entreprises publiques d'Espagne, ce service était géré par les syndicats ouvriers. Les représentants de l'UGT n'étaient pas satisfaits, malgré tout, parce qu'ils avaient moins de membres au Comité de Contrôle que la CNT.

Vers trois heures de l'après midi, de leur propre initiative, trois camions des forces de police se dirigèrent vers le central et tentèrent de l'occuper. Les policiers firent sortir les ouvriers désarmés et mains en l'air, ce qui fut vécu comme une provocation intolérable. Les travailleurs se défendirent. Une mitrailleuse placée au dernier étage empêchait les agresseurs de monter au delà du premier.

La nouvelle de l'agression se propagea dans toute la ville. Les travailleurs anarchistes craignaient que ce coup de main ne soit que le début d'une action générale contre leurs droits.

Les locaux des syndicats et d'autres bâtiments contrôlés par les anarchistes se remplirent d'ouvriers prêts à les défendre s'ils étaient attaqués à leur tour. Quelques heures plus tard, Barcelone était en armes. La police, quant à elle, renforça ses défenses au Commissariat central où se trouvait le conseiller à l'Intérieur Artemi Ayguadé. Avec lui les masses de nationalistes armés de Estatuto Catala et le PSUC.

Il y eut aussi des concentrations de troupes dans les quartiers périphériques de la ville. Il était clair qu'on lançait une action subversive contre les positions de la CNT-FAI, les syndicalistes et les anarchistes.

Le chef de la Police, Eroles, le secrétaire général des « Patrouilles de contrôle », Asens et le camarade Diaz, représentants du Comité de Défense, se dirigèrent vers le central téléphonique pour que les agresseurs se retirent. Les travailleurs refusaient de travailler sous la menace policière et exigeaient le retrait es forces de l'ordre. L'intervention de ces trois hommes n'eut aucun résultat.

 

Témoignages directs

Un camarade français qui assistait aux événements déclara « Dans le quartier de Hostafranchs, à l'entrée de Sans, là ou vécut notre regretté camarade Durruti, la caserne du Comité de Défense a été fortifiée, comme tous les locaux des syndicats et des Jeunesses Libertaires ».

Le « camarade français » nous raconte ensuite que la journée du 5 mai a été calme dans ce quartier, mis à part que quelques trois cents gardes civils avaient tenté, sans trop de conviction apparemment, de prendre la rue de Lérida. Ils en occupaient la moitié quand les tirs commencèrent. Les gardes civils se retranchèrent dans les maisons mais « ce fut leur perte ». Finalement la zone fut « reconquise » sans trop de mal. « Les gardes civils, jeunes pour la plus part, se rendaient, on leur enlevait leur uniforme et ils étaient envoyés comme prisonniers à la caserne du Comité de Défense ».

« Le dernier groupe de gardes civils qui occupaient Poble Sec se rendit le 5 mai à onze heures du matin. A deux heures de l'après midi, les quatre vingt quatre gardes qui restaient dans la caserne se rendirent. Les armes furent réparties entre les organisations anarchistes de ces deux quartiers ».

Le mardi 4, les gardes d’Assaut occupèrent les locaux de la justice. Le matin, la CNT avait publié un communiqué adressé aux gardes d'Assaut en ces termes « Nous ne nous laisserons pas vaincre ; vous voyez bien et vous en avez des preuves, que ni la FAI ni la CNT ne sont vos ennemies, ni personnellement ni collectivement. Vous êtes comme nous des soldats de la cause antifasciste. Offrez vos armes au peuple, et à nos cotés camarades, comme nous l'avons fait le 19 juillet. Ni la FAI ni la CNT ne souhaitent établir de dictature et ne sont pas disposées, tant que vivra l'un de leurs hommes, à se soumettre à aucune dictature de qui que ce soit ».

 

Les luttes continuent

A leur tour les comités régionaux de la CNT et de la FAI s'adressèrent au peuple de Barcelone pour lui dire : « Nous ne voulons pas que le sang des prolétaires coule dans Barcelone mais nous ne pouvons pas tolérer non plus les provocations de ceux qui, sous couvert de leurs fonctions au gouvernement, essaient d'écraser les droits des ouvriers de la CNT et de l'UGT, comme ils l'ont fait hier dans l'assaut du central téléphonique ».

« Vers cinq heures de l'après midi – raconte Souchy- deux voitures remontaient l'avenue Durruti pour se rendre au Comité Régional de la CNT. Trois cents mètres plus loin la rue était coupée par une barricade composée de « mossos d'esquadra »( police municipale) et de membres du PSUC avec le brassard rouge.

Les personnes connues furent arrêtées et les autres occupants invités à descendre et à remettre leurs armes. Pendant qu'ils se rendaient, on les tua d'un coup de fusil. Depuis les fenêtres du Comité Régional on vit la scène et l'indignation éclata. Les défenseurs du bâtiments étaient prêts à riposter énergiquement mais on décida après consultation, de ne pas répondre à la provocation pour éviter de nouveaux combats aux conséquences graves. Cependant, comme à l'évidence les assaillants préparaient une attaque, on demanda en renfort deux camions blindés, arrivèrent le soir même. »

 

Les négociations commencent

Le 4, Largo Caballero avait une réunion avec les ministres anarchistes du gouvernement de Valencia au cours de laquelle il annonça son intention de se saisir des services de l'Ordre Public de la Generalitat, « conformément au pouvoir que lui donne la Constitution » comme le note Vazquez. De sorte que, lorsque le Comité National de la CNT se décida à envoyer une délégation en Catalogne pour ramener la paix, il le fit pour éviter cette mesure. La délégation était formée de Garcia Oliver et Mariano Rodriguez Vazquez. Ils seront rejoints plus tard par Federica Montseny. En faisaient aussi partie les membres de l’exécutif national de l'UGT, Hernandez Zancajo et Muñoz, tous deux « largocaballeristes ». Le Comité National de la CNT proposait de faire tout ce qui était possible pour que cessent les combats « pour arrêter par tous les moyens le désastre que signifiait, au plan international et intérieur, cette guerre civile qui venait d'éclater ».

Les attaques et contre attaques se succédaient continuellement. Pendant ce temps la mission pacificatrice de Valencia négociait déjà la fin des hostilités mais c'était une mission vraiment difficile. Autant Zancajo que Vazquez et Oliver -poursuit Souchy- supplièrent la population de Barcelone : « Ce qui se passe ici doit cesser immédiatement », dit le syndicaliste Vazquez. Mais qui ferait le premier pas ? Les difficultés de cette négociation et la position des membres du Comité National de la CNT apparaissent dans le « Rapport sur les événements de Catalogne que Mariano R. Vazquez enverra le 13 mai au Comité Péninsulaire de la FAI.

Vazquez notifia, pour commencer son rapport, que la « Régionale Catalane » était dans une étape d' « expérimentation ». Cette « expérimentation » consistait, selon Vazquez « à appliquer aux circonstances actuelles les mêmes méthodes qui ont donné à la CNT vie et consistance ». Pour Vazquez, comme pour tout le secteur centriste partisan de la collaboration « obligée », les méthodes de l'organisation « devaient changer dès le moment que nous étions passés de l'opposition à « l'intervention » au gouvernement. En même temps il accusait dans son rapport « les adversaires » -on doit lire communistes- « qui poussaient la provocation avec l'idée fixe de forcer l'organisation confédérale à reprendre la lutte dans la rue » .

 

José Luis Campo et Juan Gomez Casas